24 novembre 2015 / Belges et barbares

Avoir quitté la Belgique il y a des années, peut-être pour son côté foutraque, et retrouver Bruxelles qui s’essaie à des postures militaires. Marcher alors le soir dans ses communes entre canal assoupi et fleuve enfoui, ces lieux aux noms en ‘beek’ imprononçables (il n’est de bon beek que de Bruxelles) et soudain les aimer pour leur entre-deux, le clair-obscur de leurs rues, l’indécis de leurs accents et la bâtardise de leurs cafés. Contre Zemmour, les néo-vichystes et l’ordre à tout crin qu’on cherche à instaurer en surface faute d’avoir traité plus tôt nos désordres profonds. Et, dans l’ambiance entre chien et loup qui règne à Bruxelles, se dire, en dépit du ‘Monde’, que les Belges, poètes et barbares, étranges étrangers à l’ordre ordinaire, sont d’indécrottables amalgameurs du tout et du rien, de l’un et de l’autre, un affront vivant au principe de non-contradiction et que c’est peut-être bien ou hélas ainsi. Qu’en Belgique bâtarde, les chiens font des chats, mais qu’au pays, pourtant, des Malinois, les chats font rarement des chiens. Et qu’il faut sans doute s’y faire.

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