29 Juin Pee on them! 14 juin 2020
PEE ON THEM. STATUES, SCULPTURES ET HISTOIRE. Dans mon monde idéal, il n’y a pas de nation, pas de chef.fe d’Etat, pas d’histoire officielle, pas de statues qui glorifient l’autorité et figent des mythes modelés à l’intérieur de frontières et inversés au-delà. Dans mon monde idéal, il y a des sculptures que des artistes offrent à nos regards sur nos places, dans nos rues et nos parcs, racontent leur histoire et disent comment ils voient l’Histoire. Des sculptures que l’on voit, accepte ou rejette, qui changent avec le temps et avec les gens qui passent. Dans mon monde idéal, il n’y a pas de pompeuses statues monolithiques de Léopold II, Churchill, de Gaulle, ni même de Jeanne d’Arc, cette statue que, chaque année, des fascistes viennent saluer parce qu’elle est là pour exalter une France fière et pure. Dans mon monde idéal, il n’y a que des représentations imaginées d’une Histoire imaginaire, des personnages mouvants de notre théâtre vivant et non des images sclérosées dans le plomb de récits d’Etat qui y fondent leur seul désir, celui de durer. Mais mon monde idéal, je pense, n’existe pas… Alors je me demande s’il faut renverser les statues sans mettre à bas le socle sur lequel elles sont montées. Si enlever les statues efface l’histoire qu’elles racontent. Je me demande si les faire taire étouffe les cris qu’elles devraient susciter. Dans mon monde très peu idéal, je me demande s’il ne vaut pas mieux quand même laisser les statues si moches qu’elles montrent bien la mocheté de l’Histoire qu’elles disent. Et s’il ne faut pas plutôt les fréquenter, leur parler, les invectiver, les peindre de notre ressentiment (et plus rarement, cela peut arriver, de notre sympathie), ou simplement leur pisser dessus. Car lorsqu’il n’y aura plus de statues et pas encore des sculptures partout, sur quoi pissera-t-on, sauf sur l’herbe qui ne mérite pas cela, ou sur nous-mêmes… Pissons donc, Mesdames, Messieurs, sur elles. Yes, let’s pee on them.
(By the way, l’homme de la photo est Donald Trump.)