Mise en scène de Monique Dorsel
Interprétation: Luc Vandermaelen
Festival de Seneffe 2005 (sous le titre Entendez-vous la mer?)
Théâtre-Poème, Bruxelles, janvier-février 2009
Extrait
« Monsieur serait-il un clown ?
Monsieur serait-il un comique ?
Un bouffon ?
À moins… A moins que l’ironie n’aille encore plus loin et que le mot lui-même contienne la chose, j’entends : que dans l’agenda, à savoir la liste des « choses à faire », ait été inscrite en filigrane cette chose qu’à cet instant même je faisais : revenir sur mes pas ? »
Photo © Francis Jacoby
Texte paru sous forme de récit poétique sous le titre « Nous nous ressemblons tant » chez MaeltrÖm Editions, décembre 2014
Une recension
Le délire de Jean-Pierre Orban (La Libre Belgique):
C’est bien ce que fait Monique Dorsel. Nous savons le parti qu’elle tire de l’espace exigu de chaque repas-spectacle pour y installer la dynamique de ses mises en scène. Mais la vastitude et la nudité d’un plateau constituent un autre défi encore. Elle le relève ici en exploitant toutes les dimensions du lieu. Autour du grand fauteuil rouge et vide donnant à Luc Vandermaelen une ampleur et un mouvement qui quadrillent sa parole, la nouent, la multiplient. Une parole à transformations, réflexions et volte-face.
Belgique en bord d’histoire
Jean-Pierre Orban qui aime sa patrie, la Belgique, et se préoccupe de sa destinée, avait déjà écrit plusieurs paraphrases qui la concernent. Parmi ses textes pour le théâtre, « Entendez-vous la mer ? » (monté à Seneffe en 2005) s’est retransformé en « Monsieur » qu’il situe dans un port : Anvers.
Bruitages et musiques d’Alain Pierre donnent à ce port une présence diffuse. Luc Vandermaelen n’a plus autre chose à faire qu’à y développer son délire. On y entre. Mieux : on y est happé. Et interrogé. De fond en comble. Dans un tourbillon de paroles qui fouillent notre vie, nos motivations, nos démissions, nos rêves : l’étendue de notre condition humaine. Et, en elle, notre identité. Qui sommes-nous ? Et qui est ce Monsieur auquel s’adresse Vandermaelen ? Dieu ? moi ? vous ? Que trouve-t-on sur ce parcours ? Nos rapports avec nous-mêmes, à travers l’art, et avec ce miroir qu’est le théâtre. Délire, situé entre attente et constat d’échec.
Shakespeare et Beckett sont ici présents, ô combien ! La folie du Roi Lear devient celle qui attend Godot. Et Luc Vandermaelen incarne cette folie-là jusqu’en son propre sang. Peut-être le rôle de sa vie !